N’ayant pas la prétention d’être une femme de lettres, je me qualifierais plus de femme de mots.
De ce fait, chaque mot a son importance, et savoir quelle en est la signification exacte me semble indispensable.
Le milieu libertin a son propre lexique, composé à la fois de termes génériques détournés (complices, échangisme, horizontal et vertical …) ou de termes bien spécifiques (candaulisme, mélangisme, côte à côtisme …).
Dans la création de ce lexique, certaines notions, relativement importantes, sont parfois utilisées de façon erronée, par usage.
Mes recherches et ma curiosité m’ont amenée à me pencher sur les termes de « Epicurien » et « Hédoniste ».
Ils fleurissent sur les profils, dans les ouvrages, dans les articles et les conversations, dans la vie courante comme dans la vie libertine, et véhiculent une notion de recherche de plaisirs. Mais dans ce cas pourquoi deux termes ? Quelles sont leurs similitudes et leurs différences ?
Tout d’abord ce sont deux écoles philosophiques héritées de la Grèce Antique, entre -400 et -250 av JC, l’une menée par Aristippe de Cyrene, l’autre par Epicure.
Epicure a fondé sa propre philosophie, celle où le plaisir est l’accomplissement de l’être, dans le sens absence de douleur. Et c’est sans doute de là que vient la confusion des genres. Epicure était un homme simple, frugal, tourné vers la pensée, à la limite de l’ascèse.
Aristippe, lui nous parle du plaisir … la recherche du plaisir comme chemin d’accomplissement et le véritable bonheur.
Tous deux envisagent le monde sur le mode empirique, au travers des sens et donc des sensations.
Là où Epicure envisage le bonheur comme le minimum de déplaisir possible, au travers des plaisirs simples et non excessifs, l’hédoniste lui, estime que le bonheur se construit dans l’expérience des plaisirs sensuels, qui font appel à tous les sens.
De ce fait, le libertin s’inscrit largement plus dans cette dernière philosophie. L’exploration et l’expérience des plaisirs des sens, que ce soit la vue, le toucher, le goût, l’odorat, l’ouie, et que ce soit par le sexe ou tout se qui entoure les rencontres libertines : mets, boissons, musique, tenues, …
Il manque cependant à ces deux philosophies un élément que je trouve indispensable, mais qui ne concerne que moi, et mon propre plaisir : l’intellect. La possibilité de discuter, échanger, partager une culture, un point de vue, et envisager le monde d’une autre manière.
Alors, vous, êtes-vous épicurien ou hédoniste ? En tous les cas, restez libertins !
Pour ma part j’estime effectivement que le libertinage est plus proche de la philosophie hédoniste qu’épicurienne. Mais le libertinage se doit d’aller au delà du simple plaisir des sens. Il se doit d’être également cérébral, intellectuel, afin de créer une alchimie, une osmose d’un tout autre genre. Car si nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde, l’atteinte du plaisir me semble plus difficile.
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