Je suis fatiguée, patron …

Parfois, je me sens un peu comme John Coffey … je suis fatiguée, déçue … épuisée …

Nous vivons dans un monde où la communication n’a jamais été aussi facile. On peut discuter avec de parfait.e.s inconnu.e.s à l’autre bout du monde ou de la rue. On peut donner son avis sur tout et n’importe quoi. On peut échanger des idées et tenter de créer un monde meilleur.

Et pourtant … la plupart du temps, on communique mal, on s’écoute parler sans entendre les autres, on projette ses propres angoisses sur ses congénères … et on ne se comprend plus.

Où veut-elle en venir, me direz vous ? Quel rapport avec un blog où d’habitude elle parle de rencontres, de sexe …?

Ah vous voyez où je veux en venir là, d’un coup, pas vrai?

Les rencontres … et comment se passe la communication … une catastrophe la plupart du temps, sans exagérer.

La facilité des communications actuelles a son revers : on a tendance à ne plus avoir de filtre, et à se comporter comme on ne se comporterait jamais en face à face (à l’exception de quelques malotru.e.s) ; on s’autorise à « dire » des choses, à être brutal dans sa façon d’aborder les gens, à être passablement égo centré. Cela permet aussi d’être plus spontané, de s’abandonner à des échanges épistolaires chargés d’émotions, comme on ne le ferait pas dans la vraie vie.

Alors, quand vous appliquez ce principe au contexte sexuel (étiqueté libertin ou non), autant dire que c’est la fête au village !

Et c’est là que j’en reviens à mon propos : je suis fatiguée, patron !

Les messages qui ne sont que des copiés collés de la présentation, où le « je » est omniprésent ; les fantasmes projetés sans préambule ; les demandes pour là tout de suite ; les « bonjour » comme on peut en avoir dans la rue ; les scénarii tout prêts dans les têtes ; les compliments et les « compliments » (t’es trop bonne) ; les « je te veux »… et j’en passe.

Beaucoup diront que « oui mais on est là pour ça, on est sur un site de cul quand même, retourne sur Meetic si tu sais pas jouer! ».
Soit. Mais entendons nous : à mon avis, ce ne sont pas des « sites de cul » mais des sites facilitateurs de rencontres où la liberté sexuelle est acceptée, mais nullement une obligation de consommer ou être consommé.e.

Et c’est là où je trouve que beaucoup se fourvoient. Ce n’est pas parce que cette liberté est donnée qu’elle est entendue par tou.te.s de la même façon.

Oui, on peut y venir pour des rencontres purement sexuelles, la réalisation de fantasmes, l’exploration de sensations différentes, même juste satisfaire un besoin urgent, immédiat. Oui oui oui …

Mais …

On peut aussi y venir pour rencontrer des personnes qui sont dans un état d’esprit plus libéré, plus respectueux, plus ouvert qu’ailleurs, chercher des affinités à la fois sexuelles et intellectuelles, explorer sa sensualité plus que sa sexualité, avoir envie de prendre son temps …

Tout est possible. Tout est libre. Et la liberté de choix est des plus importantes.

La majorité fait l’effort de parler de soi, de qui l’on est (si on en a la moindre idée), ce que l’on aime, ce que l’on recherche … De façon ou plus moins précise, plus ou moins crue.
Mais beaucoup ne prennent pas le temps d’écouter ce qui est dit, de prendre la peine de savoir si, en face, les attentes sont les mêmes.

Alors oui, je suis fatiguée de recevoir des messages qui ne correspondent pas du tout au « mode d’emploi » que j’ai pris la peine de rédiger, d’être agressée parce que je ne réponds pas à ces « à côté de la plaque », d’être insultée parce que « je ne suis pas une vraie libertine » … ce qui n’est peut être pas faux, encore faudrait il savoir ce qu’est un.e vrai.e libertin.e … mais ça c’est un autre débat!

Si j’ai un vœu à faire pour 2022, c’est de ne plus être aussi fatiguée … et de pouvoir profiter pleinement et sereinement de la vie !

Sexualité et Couple : une fatalité?

Il y a encore quelques temps (pas beaucoup, vraiment), se promener sur des sites « féminins » et lire les rubriques sexo renvoyait systématiquement à un dénominateur commun : le couple.

Comme s’il était nécessaire, pour publier un article grand public, que cette caution soit là pour garantir que « ouhlala » non, on ne parle pas de gaudriole, ou de pratiques dévoyées, on pense ça à l’échelle du couple, cette valeur sûre et indispensable dans notre société, caution d’une certaine idée de la morale.

Je suis ravie de voir que les choses changent. Les articles sont moins « couple-centrés », plus systématiquement hétérosexuels (quoi que, plus souvent lesbiens que gays, mais peut-être est-ce réservé aux sites masculins?), et les plaisirs solitaires font les beaux jours des comparatifs de jouets.

Même si cette notion de couple se retrouve encore beaucoup trop dans tout ce qui va être audio visuel, la tendance est à plus de liberté, d’inclusion, d’exploration d’autres formes de relations.

Cependant, il reste encore quelques points à revoir sur pas mal de copies : non, le libertinage n’est pas qu’une question de couple, chers rédacteurs. Non, les relations hétérosexuelles ne doivent pas être l’approche systématique de vos articles, oui, se faire plaisir seul.e fait partie de la sexualité, et oui, la curiosité et l’ouverture d’esprit aideront vos écrits à être de plus en plus adaptés à l’époque dans laquelle nous vivons.

Attention, cela ne veut absolument pas dire que le couple est mort, qu’il est « mauvais » ou qu’il doit être démantelé, oublié, relégué au placard des vieilleries inutiles.

Non, cela veut juste dire que cette forme de relation n’est pas la seule existante et possible. Que ce soit en sexualité ou en relations amoureuses, il y a autant de possibilités que l’imagination et la confiance entre partenaires peut envisager : sans exclure la possibilité d’être très bien tout.e seul.e, à deux, à trois, en liberté, en confiance, en partage ou pas, s’épanouir devient alors une exploration qui commence par soi et s’ouvre aux autres.

« Sky is the limit » disent les anglophones, et encore, ce n’est qu’un palier. Il n’y a pas de limite à ce que l’on peut imaginer, pas de cases à remplir, pas de codes sociaux à respecter. En amour, comme en sexe, seule la connexion compte. Le reste n’est que projection de ses propres limites.

Analyse de texte …

Il y a quelques temps, je suis tombée sur ce message, posté sur un site libertin par un couple apparemment excédé. J’ai voulu l’analyser, comprendre pourquoi il me faisait bondir et m’indigner.

Je vous livre ici mes réflexions … si vous avez des commentaires, n’hésitez pas !

« Les femmes seules qui ne ressemblent pas à grand chose et qui ne se prennent pas pour de la merde dans leur description (exigences accrues au possible) alors que personne ne vous donnerait l’heure dans la rue, calmez vos ardeurs svp 
Et sinon merci aux belles personnes de ce site qui restes humbles en toutes circonstances » 

Petite analyse de texte, qui me permettra peut être de comprendre ce qui m’échappe, ce que revendique son auteur,  à savoir dénoncer ces femmes qui « pètent plus haut que leur cul » et sont irrespectueuses et « princesses ». Evidemment, sans connaître les faits qui ont déclenché cette ire, il manquera le contexte, ce qui est bien dommage, c’est important un contexte.

Dans ce texte, et si effectivement ils voulaient pointer ces comportements insupportables souvent assortis de propos irrespectueux, s’ils avaient dît : « Les femmes seules qui ne se prennent pas pour de la merde dans leur description, calmez vos ardeurs svp », j’aurai été totalement d’accord avec eux.

Même si les critères et exigences de chacun.e sont leur propre histoire ; on n’apprécie pas, on passe à autre chose.

Et si j’avais lu ça, je ne me serais pas attardée dessus, parce que c’est vrai, juste et sans insulte.

Oui mais voilà, il y a le reste … et ce reste donne à leurs propos une toute autre tournure, pas forcément très jolie jolie (sic).

La première phrase vient dès le départ classifier ces femmes, non pas en princesses par leur comportement, mais en « moches », et là je tique. Que vient donc faire la beauté (ou non) dans une histoire de comportements ? Est-ce à dire que les non moche (selon quels critères d’ailleurs ?) ne sont pas concernées ? Ou bien que, parce qu’elle sont moches, cela leur enlève le droit d’avoir des exigences de princesses ? Quelle est la partie importante dans leur agacement, le comportement ou le fait qu’il soit celui d’une moche ?

Et ça enfonce le clou sur cette question de « moche » avec un « on donnerait pas l’heure dans la rue » … ça sent le vindicatif à plein nez, l’égo malmené qui attaque le malmeneur, en l’occurrence la malmeneuse

Diable, je veux bien qu’on dise que je chipote, mais là …

Ca donne envie de mettre du contexte dans cette diatribe, de faire des suppositions, et franchement, les seules qui me viennent à l’esprit avec ces éléments sont : ayant pris contact ou été contactés par une de ses princesses, qui a sans doute une liste de ses exigences et désidérata sur son profil, ils se sont indignés. Ou alors, peut être que, attirée par toutes ces jolies photos de madame, la demoiselle princesse a été fortement attirée, mais qu’une fois découvert monsieur, il n’était pas à son goût. Ou bien encore, rien de tout ça, juste leur envie de rompre l’ennui d’un weekend de confinement en lançant tel un troll un sujet bien controverse histoire de faire du buzz (méthode facebook).

Je ne sais pas où est la vérité … peut être même pas dans la liste non exhaustive ci-dessus.

Ce que je sais, c’est que ces propos sont purement et simplement inacceptables. C’est de l’égo pur et simple, de la méchanceté gratuite, la marque d’une remise en question personnelle inexistante.

Oui, j’aurai pu ne pas réagir, laisser faire. Je cite humblement la grande Juliette Greco :

« J’ai toujours une force en moi qui se révolte. Tant que je ne suis pas morte, il n’y a rien à faire : je me lève. »

Peut on trouver l’amour dans le libertinage ?

C’est une question que beaucoup de célibataires, femmes comme hommes (mais bien souvent plus les femmes – conditionnement ?), se posent après un certain temps passé dans le « milieu ».

C’est une question que je me pose aussi.

Et la réponse est sans doute : pas plus, pas moins qu’ailleurs.

L’avantage du monde libertin est qu’il peut permettre d’exprimer pleinement sa liberté, d’être le plus soi possible. Ce qui est aussi son inconvénient : cette liberté, en amour, n’est pas forcément facile à conserver, en tout cas sous cette même forme.

On y croise beaucoup de couples, qui ont construit leur histoire avant de se lancer, ont solidifié leurs bases pour vivre quelque chose d’exceptionnel. On y croise aussi ceux qui ont voulu croire que le libertinage était cette pincée de folie qui manquait à leur couple, et qui s’y sont bien souvent brûlé les ailes, le passage du fantasme à la réalité pouvant creuser les failles d’une relation un peu bancale.

Alors, qu’est ce qui fait que l’on voit fleurir tant de recherches de compagnes/compagnons de vie dans le libertinage ? Cette envie de partager avec quelqu’un cette liberté acquise, pour laquelle on a parfois lutté. Et la quasi certitude que ce ne sera pas dans le monde « moldu » comme on l’appelle souvent, que l’on pourra trouver chaussure à son pied.

Compliqué d’expliquer à un.e adepte de l’exclusivité sa façon de fonctionner, de faire comprendre que la liberté ne veut pas dire que tout est permis, mais que tout est possible, tout est envisageable à partir du moment où l’on se fait confiance.

Il y a aussi des écueils dans le monde libertin. La mise en commun de deux libertés différentes, l’idée que, parce que la rencontre s’est faite dans ce milieu, tout sera plus facile, ne tenant pas compte des sentiments, de la confiance qui est à construire, de la complicité qui est à trouver avant d’être capables de la partager sereinement.

On a beau s’en défendre, chacun.e a ses failles, ses peurs, ses incertitudes, et l’on vient avec dans n’importe quelle relation. Il faut savoir les surmonter, ensemble, pour trouver la sérénité et le point d’équilibre entre liberté et attention à l’autre. Et c’est parfois beaucoup plus difficile dans le monde libertin, parce que le cocon de la relation exclusive a du mal à exister, même temporairement.

Et cependant, on ne peut choisir comment tout cela démarre, où, dans quel milieu et avec qui. Alors, trouver l’amour, trouver un amour, une relation qui fera grandir les deux, est difficile, que ce soit dans l’un ou l’autre des mondes ; plus difficile encore si l’on vient chacun de l’un des mondes.

Donc, oui, chercher dans le monde qui nous correspond le mieux est une tentative d’éviter certaines difficultés, mais pas toutes, et il faut en être conscient.e.

Je vois souvent des personnes qui s’indignent en disant « mais viens pas chercher un.e compagne/compagnon ici, on est là pour le sexe », ce qui est réduire à une seule facette le libertinage. Juste dites vous que c’est plus « logique » de le faire là, avec une base commune, que de le faire auprès de personnes qui ne sont pas forcément assez ouvertes pour comprendre.

Gardons nous de juger, comme toujours, des raisons des uns et des autres, il suffit de dire « ce n’est pas pour moi » pour que cela soit entendu.

Etre libertine …

C’est une interrogation qui me vient souvent. Au gré de mes humeurs, de mes gros et petits soucis, de mes rencontres, des choses que je peux lire ici ou là, la question surgit dans mon esprit, et plus particulièrement : « suis-je libertine? » …

J’ai déjà évoqué les philosophies dites libertines, épicurienne et hédoniste (même si certains me répondront, puristes, que seul Epicure était philosophe).

Le libertin, tel qu’on le concevait au 17ème siècle, était avant tout un penseur, noble ou en tout cas aisé, et qui défiait l’église en proposant une approche de la Vie rationnelle et non religieuse. Des hommes des Lumières, cartésiens, qui pensaient le monde avec des lois matérielles, physiques.
Cette position contre l’Eglise entraînât une application de cette pensée à la morale, ne reconnaissant pas à cette dernière le droit d’imposer ses règles dans quelque domaine que ce soit.

C’est ainsi qu’est né ce qu’on nomme aujourd’hui Libertinage : l’affranchissement des règles de morale strictes édictées par l’Eglise, et par la société en général. Liberté donc de vivre comme on le souhaite, et particulièrement sa vie amoureuse et sexuelle.

De cette idée, perdure aujourd’hui l’idée de jouissance sans contraintes autres que celles que l’on se fixe à soi même, si tant est qu’on le fasse.

D’où la question que je me pose  : suis je libertine, et si oui dans quel sens ?

Je ne défie pas les institutions, et bien que je n’accorde aujourd’hui à aucune le droit de me dicter ma conduite personnelle et la façon de gérer ma vie intime, cela n’a pas toujours été le cas. Comme beaucoup, dans ma « jeunesse », j’ai suivi la norme sociale  : se poser, se marier, faire des enfants, acheter une maison, avoir des chats et une belle voiture … voilà … c’était fait. Et après ?

Certains s’épanouissent ainsi, et j’en suis ravie, enchantée même. Mais cela ne me correspond pas … plus.

Alors, qu’est ce qu’être libertin de nos jours ?

Jusqu’à l’arrivée d’internet, être libertin était surtout être échangiste. Seuls les couples étaient considérés comme libertins, et c’est une croyance qui perdure. Le fait de transgresser les normes du couple, de partager son conjoint, faisait que les célibataires étaient au mieux des « accessoires » … et puis les démarches demandaient du temps, de l’énergie, beaucoup d’échecs pour quelques rendez-vous qui pouvaient aboutir à de belles aventures. Les clubs se disaient « échangistes » et non libertins, une nuance qui en dit beaucoup.

Internet a changé la donne. Les contacts sont facilités, les possibilités plus rapides et plus nombreuses, les échecs vite remplacés.

Et a ouvert les portes de ce monde à des novices, des curieux, des libertins en devenir … ou pas.

Libertine, pour moi, est avant tout façon d’envisager le monde : découverte des autres et de soi même, ouverture d’esprit, tolérance, bienveillance même …

Ensuite, c’est une façon de penser la sexualité, non pas comme un accessoire du couple, mais comme un moyen de se connecter aux autres. Ce n’est pas la seule, bien entendu, mais elle a une part importante dans ma vie.

Alors, à cette question, qui pour chacun aura une définition différente, ma réponse est …

Oui … je suis libertine

Photo by L’ocean de la vie

Note : 1 sur 5.