Féminisme, entre conviction et controverse

Un article écrit il y a quelques mois, peu de temps avant l’affaire Weinstein, mais qui pour une obscure raison était resté dans les limbes … quelques fois va comprendre la technologie … 

Au regard de tout ce qui c’est passé depuis, cette réflexion à un instant T prends une autre couleur. Mais je n’ai pas retouché le texte, il reste tel que je l’avais écrit, parce que ce sont toujours mes convictions … 

Bonne lecture.

 

La rentrée est là, et avec elle son lot de sujets brûlants. Nouveau gouvernement, nouvelles mesures, rentrée scolaire, rentrée littéraire, …

Et celui qui m’a interpellée : le féminisme.

A l’heure actuelle, ce mot sonne comme une revendication revancharde et qui parts tous azimuts.

Ma conviction personnelle est que oui, les femmes ont encore besoin du féminisme pour faire valoir leurs droits, mais que comme tout mouvement, les extrêmes sont mauvais.

Oui, il n’est pas normal que les femmes gagnent moins que les hommes, que leurs chances d’avoir des postes importants doivent passer par une loi parité, que le harcèlement de rue reste aussi courant et banalisé, que l’on doive se battre pour stopper cette histoire de genres et éduquer nos enfants dans un monde où le sexe n’est qu’une donnée de plus sur notre carte d’identité

Le Canada a, cet été, décidé d’accorder un statut de « sexe neutre » pour les personnes ne s’identifiant pas à l’un ou l’autre des sexes. Le premier pas vers une possibilité de ne pas être évalué sur son sexe ? Qui sait.

En France, cette mention, demandée auprès de l’état civil pour une personne intersexuée (sans pénis ni vagin) a été refusée en Mai dernier, arguant que « La dualité des énonciations relatives au sexe dans les actes de l’état civil poursuit un but légitime en ce qu’elle est nécessaire à l’organisation sociale et juridique ».

Serait-ce donc de ce côté-là qu’il faille regarder, réorganiser la société ? Peut-être. Abolir cette dualité dès le départ serait une idée plus qu’intéressante.

En attendant, le combat fait rage … et souvent entre femmes et féministes, ce qui est un vrai problème.

Tout le monde s’est intéressé à cette histoire de silhouettes féminines dans cette petite commune de l’Est … une initiative louable par ses intentions, mais totalement à côté dans la réalisation. Des silhouettes certes féminines mais représentées enceintes, avec enfants ou faisant du shopping, ou encore en des poses suggestives. Une association féministe a porté l’affaire devant le Tribunal Administratif, face au refus de la mairie de retirer les pancartes.

On peut être d’accord avec elles : en effet, tout cela ne représente pas toute la palette de ce qui fait les femmes.

Mais, en y réfléchissant, plutôt que de s’offusquer, et de demander le retrait, pourquoi ne pas proposer de rajouter des silhouettes avec d’autres activités : une sacoche et un téléphone pour le travail, en pantalon et conduisant un engin de chantier, n’importe quelle situation représentative de ce que peuvent et veulent faire les femmes.

Parce que ce que je comprends de cette démarche, c’est qu’elle défend les droits des femmes à être tout ce qu’elles veulent, mais pas des stéréotypes … hors j’estime moi, que la liberté des femmes est d’être ce qu’elles veulent, comme elles veulent, autant qu’elles le veulent.

20 minutes a publié un article qui m’a interpellée, alors que je réfléchissais déjà à cet article. Suite à la publication d’une tribune sur la pression mise sur les femmes pour enfanter et surtout le rejet total de celles qui n’en veulent pas. Socialement, c’est souvent inacceptable, celles qui décident, alors qu’elles le peuvent, de ne pas avoir d’enfants. Et souvent par les femmes. Comme si elles s’octroyaient un droit qui n’est pas le leur. Mais justement, cela fait partie du droit inaliénable de la femme à disposer de son corps …

De l’autre côté, un père lance un véritable coup de gueule face à l’attitude des gens envers les pères qui s’occupent de leurs enfants : « le médecin expliquera à votre dame quand elle sera là », le fait que les tables à langer soient toujours dans les toilettes des femmes, un père qui pose avec son enfant dans le bain choque plus que la mère …

Tout un monde à l’envers : on voudrait ne plus être cantonnée au foyer, que notre valeur ne soit plus seulement celle de reproductrice, et en même temps on s’insurge ou on a peur de ceux qui dérogent à la règle.

Je suis libertine, depuis peu sans doute, mais suffisamment longtemps pour avoir étudié le mode de fonctionnement général de ce monde.

L’une des raisons pour lesquelles je me dis toujours libertine, dans tous les sens du terme, est que j’accepte plus facilement le concept de « liberté individuelle ». Rien de tel que d’être confrontée à des pratiques, situations, envies, désirs qui ne sont pas les siens pour se dire que c’est leur choix, à eux de décider, tant qu’on ne tente pas de me l’imposer.

Pareil pour la place de la femme : oui, les codes instaurent une sorte de femme hyper sexuée, ultra féminine, portant bas et talons, mais uniquement si elle le souhaite ! Elle peut très bien être elle-même sans tous ces artifices, et être désirable, désirée et libre.

Je vous garantis que pour l’ouverture d’esprit, ce milieu peut être formidable … même si là aussi il y aurait beaucoup à dire …

Ces femmes, et ces hommes aussi, revendiquent dans cet espace le droit d’être exactement ce qu’ils veulent, quand ils veulent, et avec qui ils veulent …

Ah mais ce n’est pas ce que je disais du féminisme ? Diable je me mords la queue !!! Ou plutôt je retombe sur mes pieds (chaussés de talons de 10 cm si je le souhaite) et reste cohérente avec mon propos du départ.

Le féminisme, c’est se battre pour que chaque femme, et par ricochet, tous les êtres humains, puissent être et faire tout ce qu’ils veulent, sans que personne (pas même d’autres femmes) ne vienne leur dire que c’est à l’encontre du féminisme.  Ce qui ne veut pas dire se battre contre les hommes, mais contre des idées, une éducation,  un modèle de société qui n’est pas juste.

Le féminisme, c’est juste de l’humanisme en partant des femmes. Tout simplement …

Et si on partait de l’humain plutôt alors ?