Sexualité et Couple : une fatalité?

Il y a encore quelques temps (pas beaucoup, vraiment), se promener sur des sites « féminins » et lire les rubriques sexo renvoyait systématiquement à un dénominateur commun : le couple.

Comme s’il était nécessaire, pour publier un article grand public, que cette caution soit là pour garantir que « ouhlala » non, on ne parle pas de gaudriole, ou de pratiques dévoyées, on pense ça à l’échelle du couple, cette valeur sûre et indispensable dans notre société, caution d’une certaine idée de la morale.

Je suis ravie de voir que les choses changent. Les articles sont moins « couple-centrés », plus systématiquement hétérosexuels (quoi que, plus souvent lesbiens que gays, mais peut-être est-ce réservé aux sites masculins?), et les plaisirs solitaires font les beaux jours des comparatifs de jouets.

Même si cette notion de couple se retrouve encore beaucoup trop dans tout ce qui va être audio visuel, la tendance est à plus de liberté, d’inclusion, d’exploration d’autres formes de relations.

Cependant, il reste encore quelques points à revoir sur pas mal de copies : non, le libertinage n’est pas qu’une question de couple, chers rédacteurs. Non, les relations hétérosexuelles ne doivent pas être l’approche systématique de vos articles, oui, se faire plaisir seul.e fait partie de la sexualité, et oui, la curiosité et l’ouverture d’esprit aideront vos écrits à être de plus en plus adaptés à l’époque dans laquelle nous vivons.

Attention, cela ne veut absolument pas dire que le couple est mort, qu’il est « mauvais » ou qu’il doit être démantelé, oublié, relégué au placard des vieilleries inutiles.

Non, cela veut juste dire que cette forme de relation n’est pas la seule existante et possible. Que ce soit en sexualité ou en relations amoureuses, il y a autant de possibilités que l’imagination et la confiance entre partenaires peut envisager : sans exclure la possibilité d’être très bien tout.e seul.e, à deux, à trois, en liberté, en confiance, en partage ou pas, s’épanouir devient alors une exploration qui commence par soi et s’ouvre aux autres.

« Sky is the limit » disent les anglophones, et encore, ce n’est qu’un palier. Il n’y a pas de limite à ce que l’on peut imaginer, pas de cases à remplir, pas de codes sociaux à respecter. En amour, comme en sexe, seule la connexion compte. Le reste n’est que projection de ses propres limites.

Aimer c’est facile … mais ça se travaille …

Oui oui, on le dit souvent, aimer, ça doit être aussi facile que respirer … bullshit !

Oui, la base est simple, fluide, naturelle, comme respirer. Mais il y a tellement de choses beaucoup plus compliquées à intégrer, surtout dans une histoire libertine, où chacun garde sa liberté.

Une attention à porter à l’autre, mais surtout à soi, ses propres réactions, forgées par des années d’habitudes. Et ce n’est pas toujours simple.

Apprendre à connaître ses sentiments demande du temps, de la réflexion et beaucoup de recul sur soi, pour contrer les premiers réflexes habitudes.

Il arrive que je rencontre seule, depuis notre rencontre. Peu, et pour le moment uniquement des amants « réguliers ». Toujours informé, mon autre me souhaite une bonne soirée, me laisse profiter du moment, et est content de me retrouver après, virtuellement car nous ne vivons pas ensemble.

Mais je ne sais rien de ce qu’il ressent, des questions qu’il peut se poser, des idées qui peuvent le traverser.

Il lui arrive de rencontrer sans moi, toujours en m’informant bien sûr, voire en me parlant de la femme en question, ou de la soirée à laquelle cela se fera.

J’ai tout d’abord, dans les premières secondes, un réflexe de peur … oui de peur … conditionné par des années de peu de confiance en moi. Cette nouvelle rencontre est elle plus jolie, plus mince, plus intéressante, plus … plus … ou moins, va savoir …

Quelques secondes plus tard, c’est l’ironie envers moi même qui prends le dessus  : ah bah oui, c’est sur, avec des et si on referait le monde, et je serais parfaite !

Vite oubliées, ces quelques secondes n’en existent pas moins, mais elles sont normales, tant qu’elles restent des secondes. Si elles se transformaient en minutes, je m’inquiéterais fortement … ne parlons pas d’heures ! Elles peuvent revenir, au cours de la soirée, mais restent quelques secondes sans plus de conséquences que le vol d’un moustique.

Viens ensuite le moment que je préfère dans ce cycle … le plaisir de savoir l’autre en prendre, de quelque manière que ce soit. On imagine, on suppose, on frémit en sachant que quoi l’autre est capable … et le plaisir de cette femme, on le connaît puisqu’il a aussi été nôtre.

Mais il est important d’en parler ensuite, le plus possible. Pas forcément des détails, mais des sensations. De ce qui a fait plaisir, et un peu moins. Les choses tues sont ce qui fait le plus peur, car les silences sont souvent mal interprétés …

Parfois encore, c’est plus complexe … le manque, les rendez vous annulés pour x raisons, les moments que l’on ne peut passer ensemble, prévus ou pas, sont une sorte de pincement au cœur et au corps … un besoin de se voir, de le voir, de me rassurer sur ce que je ressens et lui aussi. Retrouver cette alchimie qui semble fonctionner à chaque fois.

Et toujours, être attentifs aux sentiments négatifs qui ne naissent que de la peur et de l’ignorance … les deux peuvent s’apaiser de différentes manières, l’introspection, la confiance en l’autre et en soi, le dialogue, l’amour …

 

En amour, tout est naturel, positif ou négatif, et il faut sans cesse travailler à transformer le négatif en neutre à minima … en positif si on a de la chance.

J’y travaille … comme un orfèvre, délicatement, patiemment … pour révéler le trésor à offrir.

Le candaulisme : réel désir de couple ou plaisir sexiste ?

Le terme « candaulisme » a une place importante dans les pratiques libertines, et il commence à être repris dans les rubriques sexo des magazines féminins comme une pratique courante de couple.

Le candaulisme est le fait, pour un partenaire, de prendre du plaisir à savoir l’autre avec un/une autre partenaire, voir plusieurs, que ce soit en sa présence ou pas, qu’il soit actif ou pas.

Mais je m’interroge : et la fameuse partenaire, quel est son réel plaisir à elle ? Lui a-t-on demandé réellement ce qu’elle souhaite ?

Quand on lit l’histoire du Roi Candaule, d’où vient le nom de cette pratique, sa reine n’avais pas eu voix au chapitre : il voulait montrer quelle beauté elle était, et à son insu avait fait venir son chef de la garde pour l’admirer nue … pas très consensuel tout ça.

Et je me demande dans quelle mesure cela l’est devenu, consensuel.

Je sais que certains couples arrivent à cette conclusion ensemble, en se questionnant, en essayant, et qu’il s’agit d’une véritable démarche de couple, mais j’ai cru comprendre que celle-ci était rare.

Comme l’échangisme, qui est dans la grande majorité une démarche masculine, le candaulisme part souvent d’un désir masculin, et on ne parle que de celui-ci : le candaulisme, c’est aimer voir sa partenaire prendre du plaisir avec d’autres.

Oui mais, pour qu’il y ait candaulisme, il faut aussi que la fameuse partenaire prenne du plaisir à se laisser regarder par son « officiel » alors qu’elle est avec d’autres hommes.

Cette combinaison est elle si courante ? Y a-t-il autant de femmes exhib que d’hommes candaulistes ?

La question peut se poser aussi pour les femmes candaulistes (qui seraient plus rares paraît il) mais j’ai l’intuition que la corolaire exhib est beaucoup plus facile à obtenir de la part des hommes. Corrigez moi si je me trompe …

Beaucoup de pratiques impliquant le couple semblent, de mon point de vu féminin, très souvent considérées uniquement du point de vue de l’homme. L’échangisme, le triolisme, le candaulisme …

Je m’interroge donc …

Quel est vous votre sentiment à ce sujet ? N’hésitez pas à argumenter, à discuter mon point de vue, prouvez moi que je me trompe … ce serait la meilleure chose à entendre …