Corps, j’apprends à t’aimer

Il est le vaisseau dans lequel se sont incarnés mon souffle et mon âme.

Un assemblage de gènes créant la matière qui me porte depuis cette première fraction de seconde et qui me suivra jusqu’à la dernière.

Chair, muscles, os, fluides et viscères, nerfs et neurones, une mécanique si complexe et précise qu’on ne sait toujours pas comment, par miracle, elle fonctionne si parfaitement.

Ce corps a suivi chaque instant de ma vie, mes premiers mots, premiers pas, premières pensées.

Mes humeurs, mes joies, mes peines, les petits bobos et les maladies infantiles.

Mes appétits, mes sensations, mes prises et pertes de poids, les drames et les chagrins, les enfantements, la fatigue, la dépression … Les joies aussi, les jouissances, les plaisirs que ses 5 merveilleux sens permettent de ressentir

Il a dansé, il a pleuré, il a rit, il a joué, il a … Vécut. Nous avons dû apprendre à nous connaître, nous comprendre pour pouvoir fonctionner ensemble. Avec plus ou moins de succès à travers le temps.

Il a plut, à moi aux autres, il a déplut aussi … À moi aux autres. Il a été scruté, jugé, désiré, repoussé, montré, caché, touché, blessé …

Aujourd’hui, à l’aube de la cinquantaine, il change encore, sa chimie se modifie, certaines fonctions cessent car arrivées au bout de leur chemin, et il se métamorphose. Et je dois m’adapter à son nouveau rythme, ses nouveaux schémas.

Je dois l’avouer, je ne suis pas encore en phase avec ce nouveau lui. L’image qu’il me renvoie n’est pas celle que ma tête imagine, voudrais incarner. Une légère dysmorphophobie, un décalage de perception, qui s’alimente de tout ce qui est projeté sur la beauté des corps telle que l’entendent l’histoire et la société, un certain esthétisme qui pour le coup ne colle pas avec ma réalité.

Le voir photographié ainsi a été, et reste encore, difficile. Mais … Petit à petit chemine cette reconnaissance de ce qu’il est, de ce qu’il dégage, de la force miraculeuse qui le(me) meut, de la grâce qu’il arrive à incarner et de sa propre réalité. Je n’arrive pas à écrire « beauté », pas encore prête à voir chez moi, au travers de ces photos, ce que mon œil de photographe arrive pourtant à voir chez les autres … Cordonnier toujours plus mal chaussé !

Mais ça viendra … Merci à David Pochal pour ce nouveau pas que son travail me fait faire

Série « Triture » by @david_pochalwww.dpochal.com

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