Elle est définie comme l’ensemble des comportements sociaux régissant les relations en société, une sorte de code, parfois implicite, qui, selon certains, consiste à ne rien dire ou rien faire qui pourrait déplaire, voire à dire et faire ce qui pourrait plaire.
Un usage social donc, qui loin d’être une marque de respect, est avant tout une norme visant à lisser les comportements en société, et qui évolue au fil du temps et des changements sociétaux.
Bonjour, au revoir, s’il vous plait, merci, pardon, désolé.e, autant de formules qui jalonnent nos journées comme des automatismes auxquels on ne pense même pas, et qui manquent parfois de sincérité.
Dans notre société actuelle, la politesse devient parfois un moyen de pression pour forcer le contact, une injonction à une réciprocité même si elle n’est pas désirée. La détourner en y ajoutant l’obligation de répondre, et la stigmatisation de celui ou celle qui ne souhaite pas s’y conformer.
Par exemple, dans la rue, en dehors de tout contexte de relation (entrer dans une boutique, demander une information, …), aborder quelqu’un par un « Bonjour » qui sort de nulle part, dans le seul but d’attirer l’attention et d’engager une conversation. C’est jouer sur les codes que d’attendre une réponse, et traiter de mal poli.e si elle ne vient pas.
C’est une façon de forcer la main, de culpabiliser la personne qui n’a rien demandé à entrer dans une sphère sociale qui ne l’intéresse pas. A répondre alors qu’elle n’en a pas envie.
C’est désagréable, stressant, une pression qui peut mettre très mal à l’aise, surtout si l’initiateur de cette démarche, n’obtenant pas satisfaction, ce sert de cette règle de politesse pour culpabiliser l’interpelé : « vous pourriez répondre tout de même ! ».
Et c’est un comportement que l’on retrouve sur tous les sites de rencontres. Combien de « une réponse même négative, c’est le minimum » ou de « c’est insupportable des gens qui ne répondent jamais ! » voyons nous fleurir dans des messages ou des commentaires ? Quand ce ne sont pas les insultes qui fusent « tu pourrais répondre salope/connard ! ». Ou bien encore une insistance assez lourde après un non pour savoir pourquoi « non mais pourquoi, je suis sympa ! Je suis trop/pas assez [ajouter le qualificatif de votre choix] ? »
J’avoue ne plus supporter ce genre d’injonction. Je ne m’estime pas impolie parce que je ne réponds pas aux personnes qui me contactent, et je me garde bien de juger les personnes que je contacte et qui ne répondent pas, et d’insister pour obtenir une réponse en jouant sur cet argument.
Une non réponse est déjà en soi une réponse : cela signifie « je n’ai pas envie d’entamer une conversation avec vous ». Pas forcément dans les règles de la Politesse, mais suffisamment neutre en soi, et claire, pour être comprise.
Par ailleurs, cela donne une toute autre valeur à une réponse : elle est volontaire, décidée et désirée, montre un intérêt pour un véritable échange, et non pas un conformisme forcé et obligatoire.
Je n’ai ni besoin de ne pas déplaire, ni envie de me forcer à plaire. Et personne de devrait avoir à faire l’un ou l’autre sous la pression.