Il y a peu de temps, j’avais commencé à écrire une réflexion sur le monde de la photo de femme. Nue, habillée, en lingerie ou fétiche, quelle que soit la façon de prendre en photo le corps des femmes, j’arrivais à la conclusion que je ne m’y retrouvais pas.
Entre les filles filiformes, celles aux formes rebondies mais dans une taille 36, les mannequins Plus Size, il n’y a pas de place pour la femme normale. Celle qui se bat avec le temps, avec ses hormones, avec ses grossesses, ses prises et pertes de poids, sa santé … et dont le corps porte les traces de cette vie. Celles qui ont passé la 40aine et qui n’ont plus la même souplesse, qui ont cette fatigue qui se combat plus difficilement qu’à la 20aine.
Des femmes tout aussi vraies, voire peut être plus, que celles que l’on nous affiche à longueur de temps sur tous les supports possibles et imaginables.
Sans retouches, sans heures de maquillage, sans poses, sans lumières, mais vraies, authentiques. Belles à leur manière. Et tout aussi capables de jouer les modèles pour peu que le photographe soit bon et porte un regard bienveillant sur elles. Pas bienveillant dans le sens « allez on peu bien la rendre jolie pour une fois » mais plutôt « montrons lui à quel point elle est belle telle qu’elle est ».
Mais voilà, les photographes, pour la plupart, sont tenus par des impératifs de vendre leurs clichés, et malheureusement ce qui se vend est toujours et encore ce qui correspond aux dictas d’une mainmise masculine sur la représentation féminine. Les clichés machistes continuent de se vendre à tour de bras, malgré ce XXI ème siècle qui, comme il était dit, est féminin. Une époque où nous tentons de reprendre possession de notre image, de notre corps, de notre représentation, et non plus laisser le reste du monde décider à notre place.
La plupart restent des personnes décentes, capables de faire la part des choses entre leur travail, et le fait d’avoir en face d’eux des personnes, des sensibilités, et non pas des poupées de cire qui ne ressentent rien et se plient à leurs désirs photographiques. Ils savent rester sensibles à différentes beautés, et sortir des stéréotypes.
Toutefois, il reste certains soit disant « artistes » qui se croient les dépositaires des canons de la beauté et méprisent la femme qui ne correspond pas à ces critères auto proclamés.
Je peux sembler dure, voire aigrie … et ces mêmes personnes se réfugieront derrière l’idée que c’est parce que je ne suis pas mince et jolie que je m’en prends à eux. Que je suis jalouse sans doute de ces beautés qu’ils mettent en valeur.
Grand bien leur fasse, peu me chaut leurs petites personnes et leurs petits avis mesquins.
Je les laisse vivre leur vie et leurs fantasmes tant qu’ils me laissent tranquille. Mais quand on vient délibérément marcher sur mes pieds, il faut s’attendre à ce que je riposte.
Mon physique est ce qu’il est : celui d’une femme de 45 ans, qui n’a jamais pratiqué de sport, eu deux enfants, pris et perdu du poids au cours des ans, avec un patrimoine génétique qui est ce qu’il est. J’ai mes atouts et mes défauts, que j’essaie de mettre en valeur ou cacher, mais surtout assumer.
Alors, après une perte de poids importante, j’ai repris goût à me voir en photo, à regarder mon corps dans son ensemble sans me focaliser sur les petits bourrelets, ou les petits défauts. Et ceux qui me suivent le savent, vu que je le montre régulièrement, dans des poses plus ou moins sensuelles et osées.
Or, quelle ne fut pas ma surprise et choc de découvrir, juste sous l’une de ces photos dont je suis plutôt fière, qu’un photographe s’était permis de faire un commentaire non seulement désobligeant, mais en plus insultant et parfaitement gratuit.
Ce photographe, Christophe Mourthé, est l’un de ceux que je suivais depuis quelques temps, de loin en loin, parce qu’il a un univers fétiche plutôt intéressant, qui fait partie de sa légende. Heureux détenteur d’une page Wikipédia, on y apprend qu’il a été photographe pour Playboy, Vanity Fair et Newlook … de quoi déjà comprendre comment s’est construit son regard sur les femmes. Pourtant, photographe de music hall, il a dû avoir la possibilité de côtoyer des femmes aux physiques différents …
Sauf que voilà, je crois que ce monsieur, au fil du temps, a dû prendre ce qu’on appelle la grosse tête et surtout devenir si imbu de lui-même qu’il pense pouvoir se permettre de partager son jugement avec tous, même ceux qui ne lui ont rien demandé.
Il me rappelle ce cher Karl Lagerfeld, paix à son âme, qui se pensait La Référence suprême en ce qui concerne le corps des femmes. Qu’il n’aimait pas, et ne savait apprécier que dans la mesure où il servait son art. Même ego un tantinet démesuré semble-t-il.
Oui, je suis dure. Mais pas injuste.
En effet, ce monsieur, tout plein de son expertise et de son avis tranché de spécialiste sur ce qui est acceptable ou pas concernant le corps des femmes, s’est permis de commenter une de mes photos. Je vous laisse juges de la délicatesse et surtout de l’a-propos de ses remarques :
J’avoue m’être posée la question un moment s’il s’agissait d’une remarque sarcastique ou pas … je n’arrivais pas à croire que quelqu’un se sente suffisamment imbu de lui même pour oser porter publiquement et sans aucune honte un tel jugement. Nous aurions été des amis, même de vagues connaissances, j’aurais répondu directement sur le message … Mais je n’avais jamais eu l’occasion ne serait ce que d’échanger un mot avec lui, et voilà ce qu’il me sortait ?
Alors je décidais de lui poser directement la question, un peu ahurie encore …
Et voilà le fruit de nos échanges … je vous les livre d’une seule pièce, vous verrez ainsi que je ne triche pas ni ne retire aucun mot …
Il a décidé de me bloquer juste après ça, et a bien entendu retiré son commentaire … effacer ses traces plutôt que de les assumer … dommage pour lui il a chatouillé la mauvaise personne ce soir.
Que je ne sois pas à votre goût monsieur, je peux l’entendre. Qu’esthétiquement, je ne corresponde pas à vos standards, c’est une question que je ne discute pas. Mais que vous vous permettiez de venir m’insulter, de faire des généralités sur mon corps, je ne vous y autorise pas. Ni pour moi, ni pour toutes les autres femmes que vous avez dû mépriser au fil du temps, gonflé de votre propre importance et de votre soi disant autorité en la matière.
Je ne vous autorise pas à me juger, à venir me donner un avis ni constructif ni critique, juste mesquin … si j’osais, je me permettrais une vulgarité que je me suis retenue d’utiliser pour vous répondre, malgré la grande envie qui était la mienne.
Pour être honnête, et pour reprendre un mot qui a semblé vous déranger, vous êtes le parfait archétype de ce que je n’aime pas, ni dans la photo, ni dans le libertinage (oui l’ouverture de votre club va bien avec l’ensemble) : ces personnes qui ont une idée bien arrêtée sur ce qui doit être beau et libertin, et qui, sous couvert du « plaisir » des femmes, en profitent pour imposer encore et encore des stéréotypes typiquement masculins.
Pour moi il y a au delà de cet abruti qui ne sait pas ce que c est par exemple de prendre l équivalent de 90 pilules contraceptives par jour (endometriose), avoir un corps qui pousse ds le sien (à part son ego c est à dire un enfant), une maladie thyroidienne (Ashimoto), un cancer hormono dépendant, une douleur chronique soignée à la cortisone.. etc pour cette abruti il n y a que des mangeurs à 2500 calories jours.. et bien alors il devrait se cultiver en mots plus qu en images… bibliothèque, écoute, intérêt, empathie, justesse.. bref regarder le.monde plus que son nombril.
Il y a aussi le problème des femmes qui répondent et entretiennent les diktats .. d ailleurs on en voit plein le site. Faut il toujours se travestir pour être ? Que ce soit un passe tps personnel ou une vraie reponse pathologique est une chose mais fait t il toujours se transformer pour etre désirable.
Je le dis souvent.. les images les parades, deguisements, mises en scène, tous ces soient disants jeux deviennenent la norme du desirable.. et la victime est souvent celle qui alimente le jeu.
Ca vaut aussi pour tous ces hommes qui passent 6 heures ds les salles de sport pour devenir un corps que des femmes desirent.. nous verrons à 65 ans sans la gonflette comme ils (le) vivront.
Rappelons nous de qui compose et nourrit la norme. Qui rend tolerable et acceptable ? La liberté est dans l ouverture de l etre pas ds la définition restrictive et autoritaire de normes..
Tu es belle, genereuse, intelligente, lettree, amie, amante, mer, femme, fille, famille, joyeuse, sensible.. tu es humaine .. garde ta part d authentisme et laisse tous ces connards.. le matin ils sont moches et ont la bouche pateuse comme tout le monde.. et s il veulent copier le musée grevin en vieillissant .. c est leur probleme.
Je t embrasse
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